"Vive la patrie !", exhortation du père provincial, avril 2022

Suis-je prêt à mourir ou à tuer au nom de la Patrie ? À quelles conditions ? À qui profite la guerre ? Pourquoi la guerre ? Depuis l’escalade en Ukraine, je me pose plusieurs questions dont je n’ai la réponse. D’où nous vient ce relent belliqueux ? Après les ravages de l’esclavage, du colonialisme, des razzias nazis et fascistes, d’aucuns se plaisent á « parrainer » des guerres de par le monde.  Il s’agit de « l’annexion de Sadam au Koweït, des Bush-père et fils-, de Bachar al-Assad, etc. ». Poutine obtient enfin la tienne comme un trophée. Il devient de facto fervent disciple de Thanatos.

« Aimer son pays n’est pas davantage détester les pays voisins, qu’aimer sa maman n’est haïr toutes les autres mères ». Aimer sa famille, son village, son pays ne consiste nullement à voler, piller, tuer le voisin. Bien au contraire, l’amour de son terroir, de sa patrie implique et impose le respect des autres. Le chauvinisme est une myopie qui nous fait tomber dans les méandres des idéologies et du nationalisme mesquin.

Qui peut aimer un renégat si ce n’est le Christ et ceux qui sont ses vrais disciples ? Qui donc estime celui qui a renié ses parents, ses amis ? Ainsi de la Patrie ! Le vrai patriote aime en chaque individu l’idée de la patrie et respecte la patrie de chacun. Suis-je prêt à mourir pour l’Ukraine, pour la Russie ? C’est triste de voir un joueur s’écrouler et mourir sur un terrain de football. Mais ce l’est encore plus quand un maitre-nageur meurt dans l’océan atlantique pour sauver un jeune enfant. C’est sans doute une perte de deux vies humaines, mais la raison, le pourquoi fait basculer la balance. Pour qui, je veux sacrifier ma vie ? L’on pourrait discuter du bien-fondé de la guerre en Ukraine et de ses causes. Mais une seule chose est sûre, une injustice ne pourra jamais réparer une autre injustice ! Oui «  Le salut d’un roi n’est pas dans son armée, ni la victoire d’un guerrier, dans sa force. Illusion que des chevaux pour la victoire : une armée ne donne pas le salut » (32,16-17).

Un pays n’est pas un grand pays parce qu’il est fort.

Un pays n’est pas un grand pays parce qu’il est riche.

Un pays n’est un grand pays que s’il est capable de justice, de vivre en harmonie avec le crée, de beaucoup d’amour en son sein et au-delà de ses frontières.

Merci au Covid-19 de nous avoir rappelé notre commune appartenance à la race humaine ! Car comme le dit Raoul Follereau : « vivre, c’est aider les autres à vivre » !

Prions avec le Saint Père, afin que cesse le « grand mensonge de la guerre » :

«O Mère des hommes et des peuples, Tu connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, Tu as un sentiment maternel pour toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres qui secouent le monde, accueille notre cri adressé dans l’Esprit Saint directement à Ton cœur et embrasse avec l’amour de la Mère et de la Servante du Seigneur ceux qui attendent le plus cette étreinte, et avec ceux dont Tu attends la confiance de façon particulière. Prends sous Ta protection maternelle toute la famille humaine, que nous Te confions, ô Mère, avec un amour affectueux. Que le temps de la paix et de la liberté, le temps de la vérité, de la justice et de l’espoir s’approche pour tous.»

 «C’est pourquoi, ô Mère des hommes et des peuples, Toi qui connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, Toi qui ressens de façon maternelle toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres, qui secouent le monde contemporain, accueille notre cri que, poussés par l’Esprit Saint, nous adressons directement à Ton Cœur : embrasse avec l’amour d’une Mère et d’une Servante du Seigneur, ce monde humain qui est le nôtre et que nous Te confions et consacrons, pleins de sollicitude pour le destin terrestre et éternel des hommes et des peuples. De manière spéciale, nous te confions et te consacrons les hommes et les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration.»