Chers frères et sœurs en Christ, permettez-moi (une fois n’est pas coutume) d’oser paraphraser le prophète Isaïe en m’exclamant en ces termes : Ah qu’ils sont beaux sur la montagne, sur la plaine, dans nos Eglises, les pas de ceux qui portent ou qui sont portés par la Bonne nouvelle. En effet, les mages dont il est question aujourd’hui sont portés, pour ainsi dire, par la Bonne nouvelle, ils sont guidés par l’étoile. Il est heureux que nous aussi, à leur suite, soyons portés par la Bonne nouvelle et guidés par l’étoile. Il est heureux que, portés par la Bonne nouvelle et guidés par l’étoile, nous nous réunissions dans nos Eglises, avec la diversité, la catholicité qui caractérise chacune de nos communautés paroissiales, pour venir adorer le petit Jésus de la crèche.

Noël et l’Epiphanie, ces deux fêtes solennelles de l’Eglise, sont les deux versants d’une seule et même fête : la fête de la naissance du Sauveur et la fête de sa manifestation dans l’humanité. Noël a plus de relief dans nos pays, l’Épiphanie en a plus en Orient mais également en Espagne. Si à Noël, la Nativité du Seigneur, la venue au monde du Sauveur, a pour seuls témoins, les bergers, des marginaux de la société d’alors (Luc 2, 17), l’Épiphanie est la fête de l’apparition, de la manifestation (traduction littérale du terme grec έπιφάνεια) du Sauveur aux yeux du monde, des nations, des païens.

D’une certaine manière, reconnaissons-le chers frères et sœurs, cette fête nous concerne plus. Elle est la nôtre par excellence car la plupart des fidèles qui sont dans notre Église aujourd’hui n’appartiennent pas au peuple de la première Alliance. Mais nous sommes bien le peuple de Dieu, comme le dit St Paul dans la deuxième lecture : « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » Dans cette fête que nous célébrons aujourd’hui, nous sommes du côté des mages et nous venons adorer l’Enfant-Dieu, la lumière dont parle le prophète Isaïe, dans la première lecture : « Debout Jérusalem : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre, mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » Nous aussi, sortis de nos tours et de nos cités, de nos maisons et de nos quartiers, de nos communautés restreintes et de nos groupes identitaires, attirés et conduits par l’étoile de l’Epiphanie, nous avons convergé vers la lumière du petit Jésus pour donner le témoignage de l’universalité et de la catholicité de notre église locale, où l’autre est reconnu comme autre et dans le même temps aimé comme un frère. L’objectif n’est pas cependant de rassembler tout le monde dans une sorte d’uniformité, mais plutôt de faire de notre communauté paroissiale le lieu où chacun prend conscience des richesses de sa propre culture et accepte d’entrer dans une dynamique « du donner et du recevoir ». Les mages qui sont venus adorer Jésus sont d’ailleurs venus avec les produits caractéristiques de leurs pays et de leur culture. L’Eglise est catholique par définition. Elle n’appartient en propre à aucun individu fût-il cardinal, elle n’appartient en propre à aucune culture, fût-elle dite supérieure. L’église reste catholique même si elle s’inculture dans un milieu. Certains, semble-il, ne viennent plus à la messe parce qu’ils ne se sentent plus à l’aise à l’Eglise, parce que le curé leur est antipathique, parce que la population a changé, parce que le mélange est devenu trop foncé, parce qu’il y a beaucoup de petits problèmes à l’église. Si vous en connaissez, dites leurs qu’ils ont tort. Nous tous, comme les mages, ne faisons que suivre l’étoile que le Seigneur fait lever dans nos cœurs et nous nous retrouvons à l’église avec tout ce que nous sommes, pour adorer le petit Jésus, le sauveur de toute l’humanité. Et lui, n’a jamais changé et ne changera jamais. Il est le même hier, aujourd’hui et demain.

Notons par ailleurs que si le texte d’Isaïe parle de rois en parlant des mages, ce n’est pas le cas dans l’Évangile. Les mages dont parle Mathieu, nous n’en savons pas grand-chose en vérité, leur nombre, leur nationalité leur nom… ils ne sont pas non plus désignés comme rois, contrairement à ce que transmet la légende populaire.

Au fil des siècles, la tradition a fait de ces mages les représentants de tout le monde connu : l’Afrique, l’Asie, l’Europe ; un noir, un jaune, un blanc ; signe d’universalité, signe que Jésus n’est pas le Christ, l’envoyé, pour quelques-uns seulement mais pour tous les peuples, pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui habite notre terre.

Pendant longtemps, l’Église a vu dans ce signe d’universalité une invitation à porter l’Évangile au bout du monde, à soutenir l’effort missionnaire à travers les autres continents répondant au mandat de Jésus « Allez donc de toutes les nations, faites des disciples les baptisant au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit ». Et nous n’avons pas oublié cette dimension de la mission puisque chaque année, et ce matin encore, la fête de l’Épiphanie est l’occasion d’une prière, d’un soutien spirituel et matériel aux églises naissantes.

Mais les immenses bouleversements que connaît notre monde changent la donne. L’Épiphanie signe d’universalité n’est plus seulement une invitation à porter l’Évangile au bout du monde mais aussi un appel à porter l’Évangile au bout de notre rue, en face de notre appartement, de notre maison, en dessous ou au-dessus de notre étage, à porter l’évangile dans l’ascenseur et au boulot. Tout cela par un témoignage de vie authentique.

L’étranger, n’est plus de l’autre côté des mers, il est à notre porte, il est notre voisin. Pas seulement parce que les migrations, les brassages de population, ont amené là où nous vivons des gens de tous pays. Mais surtout, parce que la vie moderne, fait de nous des étrangers les uns aux autres. La liberté individuelle, l’épanouissement personnel ont, dans notre société, un prix à payer qui est de nous éloigner les uns des autres, parfois jusqu’au repli sur soi.

Frères et sœurs, en cette période des fêtes, vous avez offert et reçu des cadeaux. Vous vous êtes interrogés pour savoir ce qui ferait plaisir à la personne bénéficiaire de vos cadeaux, et vous cherchiez à les personnaliser. Les cadeaux des mages manifestaient bien la personnalité du nouveau-né de Bethléem : l’or parce qu’il était roi, l’encens parce qu’il était Dieu, la myrrhe parce qu’il était mortel. Que nos mains alors, ce matin, apportent nos présents à Celui que nous sommes venus rencontrer après avoir été guidés par Dieu lui-même. Mais, sachons-le, le cadeau que le petit Jésus attend surtout de nous c’est un regard d’amour, de paix et de charité porté sur tout homme et toute femme, sur nos voisins et sur tous ceux que nous rencontrons, spécialement sur les plus petits, les plus pauvres, en lui disant qu’en eux nous reconnaissons son visage. Ce qu’il attend de nous c’est la construction d’une communauté unie dans la diversité, d’une communauté véritablement catholique. Que le petit Jésus nous aide à vaincre nos limites et à aller dans ce sens maintenant et pour les siècles des siècles.

P. Martin SAGNA, Sch.P.

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