« Le Pardon, chemin de Liberté et de guérison ! », Exhortation du P. Provincial, Mars 2023

« Un frère offensé est plus inaccessible qu’une ville forte ; et les querelles sont solides comme un verrou de palais » (Pr. 18,19).

C’est avec beaucoup de pudeur que je voudrais faire cette méditation sur le pardon. Partant de mon existence, je réalise que beaucoup ont souffert, comme moi, d’incompréhension, de rejet, d’abandon, d’humiliation, de violence de la part des parents, des enseignants, des catéchistes, des pasteurs, … Et pourtant, il est nécessaire de « se pardonner et d’offrir le pardon aux autres ». Mathieu 6, 14-15 nous montre que pardonner est un enjeu spirituel. Nous avons besoin de l’aide de Dieu. Pardonner, c’est héroïque, ce n’est pas pour les peureux ou les lâches. Ce n’est pas pour rien que Francis Spufford affirme que le christianisme : « demande carrément l’impossible […] il pense que vous devriez céder vos biens, refuser de vous défendre, aimer les étrangers autant que votre famille, vous comporter comme s’il n’y avait pas de lendemain. Ces principes ne constituent pas un programme tenable ».

Pourquoi devrions-nous pardonner à une personne qui nous a fait du mal ? Nous pardonnons pour guérir. Mais ce qui nous empêche, c’est parce que nous ne pouvons pas y arriver seul à cause parfois des paroles peu ajustées de notre entourage. Très souvent, nous disons : « tu dois pardonner ». Attention, nous pouvons rendre nos proches  « doublement victimes ». Quelqu’un pourrait dire « comment, moi, qui ai subi une injustice, on m’exige encore de pardonner » en se lamentant ? Nous devons pardonner, parce qu’en premier, nous avons reçu le pardon, et infiniment plus. Parmi nous, il n’y a personne qui n’a pas été pardonné. Que chacun y pense. Pensons en silence au mal que nous avons commis et à la manière dont le Seigneur nous a pardonné. Le pardon est autre chose. Ce n’est pas forcément nous réconcilier. La réconciliation suppose un processus différent. Il faut forcément être avec un tiers.  

Le pardon est un chemin qui nous mène vers la liberté et qui nous engage sur les pas du Christ. En réalité, l’offense vient nous ravir la joie, la paix, le bonheur, l’envie de vivre. L’offense ne nous profite en rien. Elle nous ronge comme une tumeur. Pardonner, c’est d’abord investir sur nous ! Voilà pourquoi l’apôtre nous dit : « … Que le soleil de Dieu ne se couche pas sur votre colère » (Ep. 4,26). Nous n’avons aucun intérêt à garder, économiser notre colère. Le pardon est divin, nous avons besoin du secours de Dieu. Mais nous devons avoir le courage de prendre la décision et Dieu pourvoira. Chacun de nous pourrait être ce serviteur de la parabole qui a une grande dette à payer, mais tellement grande qu’il ne pourrait pas s’en acquitter. Nous aussi, quand nous nous mettons à genoux devant le prêtre au confessionnal, nous ne faisons que répéter le même geste du serviteur.  

Nous disons : Seigneur, sois patient avec moi. Avez-vous pensé parfois à la patience de Dieu ? Il est très patient ! Nous savons bien, en effet, que nous sommes pleins de défauts et que nous retombons souvent dans les mêmes péchés. Néanmoins, Dieu ne se lasse pas d’offrir toujours son pardon chaque fois que nous le lui demandons. C’est un pardon plein, total, par lequel il nous donne l’assurance que, bien que nous puissions retomber dans les mêmes péchés, lui a pitié de nous et ne se lasse pas de nous aimer.

Le pardon de Dieu ne connaît pas de limites ; il dépasse toute imagination et rejoint quiconque qui, dans l’intimité du cœur, reconnaît avoir commis une faute et veut retourner à lui. Dieu regarde le cœur qui demande à être pardonné. N’est-ce pas là, le Dieu des éternels recommencements ? Le problème, malheureusement, survient quand nous nous trouvons face à notre frère qui nous a causé un petit tort. La réaction du « débiteur impitoyable »  de la parabole est très expressive : Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : Rembourse ta dette (Mt 18, 28). Dans cette scène, nous trouvons tout le drame de nos relations humaines. Quand nous sommes, nous, en dette envers les autres, nous voulons la miséricorde ; quand, au contraire, nous sommes créanciers, nous invoquons la justice à tout prix ! Et nous faisons tous ainsi ! Cela ne peut être le style de vie des chrétiens.

Jésus nous enseigne à pardonner, et à le faire sans limites. En somme, ce qu’il nous propose, c’est l’amour du Père, et non notre prétendue justice. N’oublions donc pas les paroles sévères par lesquelles se conclut la parabole : « c’est ainsi que votre Père du Ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur ». Offrir le témoignage de la miséricorde dans le monde d’aujourd’hui est une tâche à laquelle personne d’entre nous ne peut se soustraire.

D’ailleurs, depuis 2014, ce fléau est classé dans les études du développement personnel comme une maladie, avec des symptômes comme le mal d’estomac, l’insomnie, les douleurs musculaires, … Oui, notre monde a besoin de pardon ; trop de personnes vivent enfermées dans la rancœur et entretiennent la haine, car, incapables de pardon, elles ruinent leur propre vie et celle d’autrui au lieu de trouver la joie de la sérénité et de la paix.

Que le Christ-Miséricorde intercède pour nous, afin que nous ne renoncions jamais à être d’humbles signes de pardon et de la manifestation de la tendresse de Dieu.

P. Christian D. EHEMBA, Sch.P.

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