"Comme un enfant…. ! ", Exhortation du P. Provincial, Janvier 2023

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11). L’ange indique aux bergers comment trouver Dieu descendu sur terre : « Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Voici le signe : un enfant. Tout est là : un enfant dans la pauvreté crue d’une mangeoire. Il n’y a plus de lumières, de splendeur, de chœurs angéliques. Seulement un enfant. Dieu abandonne sa gloire et sa puissance pour venir vivre parmi nous en devenant petit enfant couché dans une mangeoire.

Cette méditation trouve son inspiration lors de ma visite à notre fondation de Za-Agbogbomé, au diocèse d’Abomey, au Bénin. C’est l’heure de la sieste, je vois un pâtre, d’environ 10 ans, qui ramasse des boites de sardines que nous avions mangées la veille. Je voyais ses yeux scintiller, et tout heureux, il courut vers ses amis en exhibant son « trophée ». C’est le mystère de Noël. Il suffit de peu pour rendre un enfant heureux! Et C’est là qu’est Dieu, dans la petitesse. Voici le message : « Dieu ne chevauche pas dans la grandeur, mais descend dans la petitesse. La petitesse est la voie qu’il a choisie pour nous rejoindre, pour toucher notre cœur, pour nous sauver et nous ramener à ce qui compte ».

Frères et sœurs, alors que nous nous tenons devant la crèche, regardons-en le centre : allons au-delà des lumières et des ornements, qui sont beaux, et contemplons l’Enfant. Dans sa petitesse, il y a Dieu tout entier. Reconnaissons-le : “Enfant, tu es Dieu, Dieu-enfant”. Laissons-nous traverser par cet étonnement scandaleux. Oui, Dieu s’est fait enfant pour « mendier » notre amour. Dieu nous demande notre amour, notre foi, notre confiance.

Celui qui embrasse l’univers a besoin d’être tenu dans les bras. Lui, qui a fait le soleil, a besoin d’être réchauffé. La tendresse en personne a besoin d’être choyée. L’amour infini a un cœur minuscule, aux faibles battements. La Parole éternelle est enfantine, c’est-à-dire incapable de parler. Le Pain de Vie doit être nourri. Le Créateur du monde est sans demeure. Aujourd’hui, tout est renversé : Dieu vient petit dans le monde. Sa grandeur s’offre dans la petitesse. Il faut se prosterner devant l’ineffable, « l’infiniment grand est devenu infiniment petit ». Et nous, savons-nous accueillir ce chemin de Dieu ?

C’est le défi de Noël : Dieu se révèle, mais les hommes ne le comprennent pas. Il se fait petit aux yeux du monde et nous continuons à chercher la grandeur selon le monde, peut-être même parfois en son nom. Dieu s’abaisse et nous voulons monter sur un piédestal. Le Très-Haut indique l’humilité et nous voulons paraître. Dieu part à la recherche des bergers, des invisibles ; nous recherchons la visibilité, à nous faire voir. Jésus naît pour servir, et nous passons notre temps à courir après le succès. Dieu ne cherche pas la force et le pouvoir, il demande la tendresse et la petitesse intérieure. Voilà ce que nous pouvons demander à Jésus pour Noël : la grâce de la petitesse. “Seigneur, apprends-nous à aimer la petitesse. Aide-nous à comprendre que c’est la voie de la vraie grandeur”.

Mais qu’est-ce que cela signifie, concrètement, accueillir la petitesse ? Cela signifie croire que Dieu veut venir dans les petites choses de nos vies, il veut habiter les réalités quotidiennes, les gestes simples que nous accomplissons à la maison, en famille, à l’école, au travail. C’est dans nos vies ordinaires, dans la banalité du quotidien, qu’il veut réaliser des choses extraordinaires. Et c’est un message de grande espérance : Jésus nous invite à valoriser et à redécouvrir les petites choses de la vie. Mais il y a plus.

Jésus ne veut pas seulement venir dans les petites choses de notre vie, mais aussi dans notre petitesse : dans ce qui fait nous sentir faibles, fragiles, inadéquats, peut-être même ratés. Si, comme à Bethléem, les ténèbres de la nuit t’entourent, souviens-toi que Dieu s’est fait petit pour toi. Pour être ton Dieu.

Accueillir la petitesse signifie une chose de plus : embrasser Jésus dans les petits d’aujourd’hui. C’est-à-dire l’aimer dans les derniers, le servir dans les pauvres. Ce sont eux qui sont les plus semblables à Jésus, né pauvre. Et c’est en eux qu’il veut être honoré. Attention, nous ne devons pas blesser l’amour de Dieu, le blesser en méprisant les pauvres par notre indifférence. Ils sont les préférés de Jésus, et ils nous accueilleront un jour au Ciel. Nous sommes invités à « rejoindre les périphéries » de l’enfance. La venue de l’Emmanuel, là où la dignité humaine est mise à l’épreuve, ennoblit les exclus et révèle notre horizon en tant que disciples. Tout se recompose lorsque Jésus est au centre : non pas nos idées sur Jésus, mais lui, le Vivant.

Alors, chers frères et sœurs, retournons à Bethléem, « la maison du pain », où celui qui est le « pain de vie » nous attend pour nous restaurer afin de mieux servir nos frères et sœurs en humanité. Soyons des témoins qui allument l’aube dans la nuit du monde. Et toi « Mère Afrique », quel souvenir te reste-t-il quand l’enfant Jésus t’a visitée ? Sois toujours cette terre d’accueil, de Moïse, de la sainte Famille pour permettre de nouvelles marches. Meilleurs vœux de santé, de prospérité et de sainteté !

P. Christian D. EHEMBA, Sch.P.

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